18/12/2025 francais.rt.com  3min #299306

 Pressée par Washington, l'Europe a une semaine pour prouver sa crédibilité

Mercosur : l'Italie au secours de la France dans un bras de fer européen à haut risque

© Getty Images

Giorgia Meloni et Emmanuel Macron.

Giorgia Meloni soutient la France en jugeant prématurée la signature de l'accord UE-Mercosur. Sans l'Italie, la Commission perd la majorité qualifiée nécessaire pour avancer. Le Conseil européen s'annonce crucial, sous pression politique, agricole et internationale.

Entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni, les relations sont souvent marquées par la défiance. Pourtant, sur le dossier explosif de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, la présidente du Conseil italien est venue, fait rare, soutenir la position française.

Mercredi 17 décembre, elle a jugé « prématurée » une signature du traité dans les prochains jours et appelé à attendre « le début de l'année prochaine », alors qu'Ursula von der Leyen espère conclure l'accord samedi 20 décembre au Brésil. Une prise de position stratégique, car sans l'Italie, la Commission européenne ne dispose plus de la majorité qualifiée nécessaire pour avancer.

Une Europe plus que jamais divisée

Paris avait déjà demandé un report le 14 décembre, mais Emmanuel Macron savait que sa voix seule ne suffirait pas. Dans le camp des opposants à l'accord, la France restait isolée, aux côtés de la Hongrie et de la Pologne. Le basculement italien change la donne. À Bruxelles, certains ironisent déjà sur un déplacement « remboursable » de la présidente de la Commission, même si celle-ci n'a pas renoncé à convaincre Rome lors du Conseil européen.

Face à cette fronde, l'Allemagne mène l'offensive. Sous la pression de son industrie en crise, Berlin défend un accord qui ouvrirait un marché de 750 millions d'habitants. L'Espagne, les pays scandinaves, les Pays-Bas ou encore le Portugal partagent cette vision, estimant que l'UE doit diversifier ses partenariats face au durcissement américain et à l'offensive commerciale chinoise.

En France, le dossier reste hautement inflammable. Malgré les concessions obtenues par Emmanuel Macron - clauses de sauvegarde agricoles, contrôles renforcés, mesures de réciprocité - le chef de l'État juge finalement ces garanties insuffisantes. Les crises sanitaires agricoles, les incertitudes budgétaires et l'approche des municipales de 2026 l'ont conduit à durcir le ton. Le 17 décembre, il a averti que la France s'opposerait « très fermement » à tout passage en force européen.

À Rome, la position est plus nuancée. Le monde industriel soutient l'accord, tandis qu'une partie du secteur agricole s'y oppose. Giorgia Meloni insiste sur la nécessité de garanties solides sans toutefois fermer définitivement la porte. Bruxelles espère encore la convaincre, éventuellement par des contreparties budgétaires.

Pendant ce temps, le Brésil hausse le ton : le président Lula menace de renoncer définitivement si l'accord n'est pas signé rapidement. Le Conseil européen s'annonce donc décisif, sous la pression croissante des agriculteurs mobilisés à Bruxelles.

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